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La critique à la première partie : la polyphonie juridique des sociétés béninoises se manifeste amplement par des groupes au sein desquels l'individu peut y trouver une protection contre l'Etat et contre le pouvoir politique. La question qui suscite beaucoup de débats, " les droits de l'homme sont-ils un invariant universel ? ", mérite d'être posée d'autant plus que la formulation de la Déclaration Universelle de 1948 n'est que le " fruit d'un dialogue très partiel au sein des cultures qui existent dans le monde " comme l'explique Raimundo Panikkar. Celui-ci refuse la solution de facilité consistant à transcrire les droits de l'homme dans d'autres langages culturels plutôt que de s'efforcer d'en trouver l'équivalent homéomorphe dans la culture de l'autre. Comment partir du topos d'une culture donnée pour en comprendre les idées forgées par une autre (herméneutique diatopique) ? La problématique interculturelle doit se mettre à l'œuvre et engendrer une critique transculturelle fondée sur des valeurs elles-mêmes transculturelles c'est-à-dire l'examen d'un problème humain de manière critique avec des instruments de compréhension appartenant aux différentes cultures en l'occurrence celles du Bénin.

  • Dans les sociétés béninoises " l'individu " de la Déclaration Universelle n'est qu'une abstraction, sélectionné à des fins pratiques de quelques aspects de la " personne "

" Un individu est un nœud isolé ; une personne est le tissu tout entier qui est autour de ce nœud fragment du tissu total que constitue le réel (...) Il est indéniable que, sans les nœuds, le tissu se déferait ; mais sans le tissu, les nœuds n'existeraient même pas ".

Outre l'individualisme, la défense trop acharnée des droits individuels à l'œuvre dans la Déclaration Universelle (Est-ce le seul chemin ? Pourquoi une Déclaration ?) et l'opinion de la majorité ne sont pas un acquis intrinsèque aux cultures béninoises qui privilégient le consensus et la conciliation, valeurs hautement recherchées dans les sociétés traditionnelles. Une "démocratie" peut-elle être imposée et rester pourtant démocratique ? (R. Pannikar, 1982). Ce qu'il y a lieu de conserver en tant qu'invariant universel, ce sont les symboles (tous les hommes naissent libres et égaux en droit, par exemple) à condition qu'ils n'appartiennent plus exclusivement à la tradition occidentale. Aujourd'hui certaines valeurs universelles et universalisables ne prêtent plus le flanc à la critique, étant entendu que presque toutes les cultures les ont adoptées. Ainsi en est-il du droit à la vie, de la liberté religieuse et du droit à l'éducation. Il est vrai que les Nagas et la Masaï n'avaient pas pris part aux travaux qui ont permis la discussion et la formulation de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (R. Pannikar) : les anthropologues du droit, pénétrés de la culture de l'homme absent en 1948 éclairent la réflexion sur la question des droits de l'homme.

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